Pour en savoir plus sur la situation, nous avons recueilli les témoignages d’Alexandra Lefeivre de l’association Solinum, Bruno Morel d'Emmaüs Solidarité, Anne Malaud de Terre d’Ancrages, Jean-Louis Alcazar de l’UMS Pontault Combault Basketball, Thomas Le Borgne au nom du Kiwanis Club d'Alençon, ainsi que Virginien Léost, bénévole pour l’association Avenir.

QUESTION 01

Pouvez-vous nous expliquer en quelques lignes votre implication en réponse à la crise en Ukraine ?


Alexandra Lefeivre, responsable communication chez Solinum : Comme pour chaque crise rencontrée, l’équipe de Solinum se mobilise pour aider les plus vulnérables. L’arrivée de milliers de déplacés ukrainiens en France a engendré des problèmes d’orientation pour trouver des services adaptés.

Sur ce sujet, les principales actions menées par Solinum sont la traduction de Soliguide (guide solidaire d’orientation) en ukrainien, l’ajout d’un service spécifique aux déplacés ukrainiens et la mise à jour des 45 000 services référencés. Un travail de coordination avec les acteurs de la solidarité a été mené à la fois pour les informer de la mise à jour de Soliguide ; et aussi pour les accompagner à l’orientation des publics vers les bons dispositifs.

En parallèle, nous avons mis à disposition gratuitement une boîte à outils et une plateforme de gestion des hébergements citoyens pour accompagner les associations et les bénévoles pour éviter les dérives potentielles.


Bruno Morel, directeur général d’Emmaüs Solidarité : Nous avons ouvert 3 dispositifs dans des hôtels :

  • Un à Pantin pour le premier accueil des ménages vulnérables arrivant principalement de nuit : depuis le 3 mars, 4500 personnes y ont été prises en charge pour une nuit avec réorientation le lendemain, soit vers les gares parisiennes pour celles en transit vers d’autres pays, soit vers le hub de la Porte de Versailles pour celles restant en France.
  • Deux hôtels pour l’hébergement et l’accompagnement des personnes, le temps de leur réorientation en province : Nanterre 150 places du 05/03/22 au 14/04/22 et St Maurice 75 places du 10/03/22 au 14/04/22.

Parallèlement Emmaüs Solidarité met en place des cours de français pour les Ukrainiens à la Maison des réfugiés.


Anne Malaud, Responsable de la branche hébergement et accompagnement chez Terre d’Ancrages : Nous avons passé des annonces sur la plateforme JeVeuxAider.gouv.fr pour l’hébergement de personnes réfugiées et pour la coordination de ces hébergements, ainsi que pour l’accompagnement personnel des personnes réfugiées. Notre association a quelques années d’expérience dans l’hospitalité pour les migrants et on sait qu’il ne suffit pas d’avoir des maisons ; il faut aussi accompagner des personnes dans l’avancée de leur situation jusqu’à qu’elles réussissent à obtenir un logement autonome.


Thomas Le Borgne, Kiwanis Club d’Alençon : C’est au cours de l’une de nos réunions statutaires que l’idée de venir en aide aux enfants ukrainiens a réellement germé. Avec l’accord unanime de nos membres, une petite équipe s’est mobilisée très rapidement, dès le samedi matin suivant pour réfléchir à l’organisation et aux objectifs à atteindre dans le cadre d’une collecte.

Le choix a été fait d’apporter un peu de réconfort aux enfants ukrainiens réfugiés en organisant une collecte de jouets, de bonbons, de gâteaux,… ainsi qu’une collecte de fonds financiers pour pourvoir aux besoins logistiques. 100 % des dons matériels/financiers que nous avons reçus ont servi uniquement à la mise en œuvre de ce projet. Le club a, en plus, mobilisé ses fonds dédiés à ses actions en faveur des enfants pour financer essentiellement le transport par un professionnel en Pologne.


Jean-Louis Alcazar, UMS Pontault Combault Basketball : Au lieu d’organiser, comme chaque année, une fête de notre club de basket classique regroupant uniquement les membres de l’association, nous avons souhaité, dans un élan de solidarité, organiser une soirée dîner-spectacle cabaret. Nous souhaitions que les bénéfices soient reversés à une association humanitaire dont le but est de subvenir aux besoins matériels, logistiques et alimentaires des réfugiés ukrainiens.

Nous avions uniquement 3 semaines pour l’organiser et nous avons fait un appel à bénévoles par le biais des réseaux sociaux et de la plateforme JeVeuxAider.gouv.fr. Des artistes professionnels également ont répondu bénévolement pour animer cette magnifique soirée dont trois chanteurs de The Voice. L’enseigne Franprix nous a offert 700 € de don matériel et alimentaire et l’entreprise SIP19 de Torcy nous a offert 50 t-shirts floqués qu’ont porté les bénévoles, ainsi que 100 affiches pour la communication.

Près de 250 personnes ont assisté au spectacle et nous avons récolté un bénéfice de 3.120 € que nous avons reversé à la Fondation de France.


Virginien Léost, bénévole : Comme beaucoup, la situation en Ukraine m’a beaucoup touché. Dans l’attente d’un nouveau travail, j’avais un peu de temps libre et je me suis connectée sur JeVeuxAider.gouv.fr pour trouver et aider une association pour l’Ukraine.

L’association Avenir m’a contacté pour une mission d’aide humanitaire. Ma première mission fut de centraliser informatiquement les fiches des bénévoles. Puis il a fallu que je contacte un certain nombre d’acteurs publics et privés afin d’organiser le départ de convoi humanitaire bénévoles vers l’Ukraine.

QUESTION 02

Quel a été l’engagement du côté des bénévoles ?


Alexandra Lefeivre : Des bénévoles nous aident tous les jours pour vérifier les traductions en ukrainien et en russe de Soliguide ; et ajouter de nouvelles structures d’urgence sociale sur la plateforme. Ce sont principalement des missions en télé-bénévolat et accessibles à tout le monde. Nous avons près de 100 bénévoles qui se sont engagés via JeVeuxAider.gouv.fr pour ces missions depuis mars.


Bruno Morel : L’engagement bénévole a été fondamental, notamment pour le volet interprétariat et la traduction de documents, mais aussi pour l’accompagnement physique pour des déplacements urgents, essentiellement d’ordre médical. Au total, nous pouvons compter pour cette mission sur l’implication d’une centaine de volontaires coordonnés par notre salariée chargée de mission du bénévolat, et avec l’appui d’un groupe interne WhatsApp dédié.


Anne Malaud : Grâce à la plateforme JeVeuxAider.gouv.fr, nous avons eu à peu près 90 personnes qui ont manifesté leur volonté d’héberger des réfugiés ukrainiens. Cependant, après une première relance, il en restait seulement une vingtaine. Au final il restera environ 8 foyers qui vont réellement commencer des hébergements avec Terre d’Ancrages.

Nous avons un meilleur ratio du côté des bénévoles qui veulent faire de l’accompagnement et de la coordination.


Thomas Le Borgne : Nos membres se sont mobilisés sur plusieurs plans, principalement pour gérer l’organisation de la collecte, en faire la promotion auprès de nos concitoyens, trouver et mettre en place des lieux de collecte, recevoir les dons et les préparer pour leur acheminement par camion. Il nous faut souligner à la fois la réactivité et la capacité du club à trouver des solutions et des contacts locaux ou régionaux pour nous permettre finalement de collecter plus de 50 000 euros de dons matériels en deux semaines seulement. Nous n’aurions jamais réussi une telle opération sans la solidarité des Alençonnais que nous remercions vivement !


Jean-Louis Alcazar : 40 bénévoles ont participé à toutes les actions nécessaires à l’organisation de cette soirée, telles que le collage des affiches, la décoration de la salle. 20 jeunes de 15-17 ans ont assuré magnifiquement le service des repas et boissons à table, la partie technique du spectacle, l’encaissement des entrées, la comptabilité et toute la partie logistique et de transport du matériel. Tous les bénévoles adultes ont souhaité payer leur place de 30€ au même titre que les 250 personnes qui ont assisté à ce spectacle.

QUESTION 03

Avez-vous un témoignage personnel à nous partager par rapport à cet événement et à vos actions ?


Alexandra Lefeivre : Après la crise sanitaire, nous avons capitalisé sur un plan d’action pour gérer les urgences et y répondre efficacement. Cette réactivité est essentielle pour aider les milliers de réfugiés qui arrivent tous les jours en France. Il est important de poursuivre collectivement cet effort et de participer à l’insertion de tous les réfugiés. Toutes les actions que nous menons sont possibles grâce à l’aide des bénévoles et des plateformes d’engagement comme JeVeuxAider.gouv.fr qui permettent de faire connaître aux citoyens les possibilités de mobilisation.


Bruno Morel : Bien entendu, je suis frappé par l’épuisement des familles lors de leur arrivée après un départ et un parcours traumatiques, ainsi que leur état de sidération. Mais pour revenir sur une note positive : la bienveillance et la mobilisation des bénévoles qui sont à la disposition des personnes déplacées, comme l’illustrent les récents témoignages de 4 d’entre eux dans un article du Monde du 19 avril dernier « Pour accueillir les réfugiés venus d’Ukraine, l’indispensable médiation des interprètes bénévoles ».


Anne Malaud : Avec la guerre en Ukraine, il y a eu un énorme élan de solidarité. Beaucoup de personnes ont envie de s’impliquer pour protéger les Ukrainiens qui fuient leur pays. En même temps, beaucoup d’entre elles ont conscience que ce n’est pas nouveau, qu’il y a en permanence des gens qui arrivent en France, fuyant leur pays. La guerre en Ukraine a été un déclencheur pour donner de son temps à cette cause.
Cela a été un énorme travail pour l’association, il n’a pas été simple de gérer tout d’un coup un tel afflux de personnes intéressées. Il a fallu traiter les demandes de bénévolat, organiser des réunions d’information. Nous sommes très contents de ce résultat : un mois et demi après qu’on ait commencé ces démarches, il y a une dizaine de personnes qui ont trouvé leur place dans l’association.

Il faut une grande entraide citoyenne pour qu’il n’y ait pas des paquets de gens dehors, dans la rue…


Thomas Le Borgne : Le Kiwanis Alençon est fier de la réussite de ce projet basé sur une belle mobilisation de nos concitoyens et de nos membres, et ce, dans un esprit de franche convivialité et de camaraderie. Chacun aussi a su apporter son savoir-faire, de la réalisation d’affiches à l’utilisation d’un chariot élévateur !


Virginien Léost : La situation en Ukraine est juste un cauchemar. J’ai parfois honte de la passivité de certaines nations face à ces exactions. Mon action reste une goutte d’eau dans un océan mais un océan est formé de gouttes d’eau !

Ça vous transporte aussi en dehors de votre zone de confiance. Je n’aurais jamais pensé appeler des enseignes de bricolage pour répartir une tonne de pommes de terre, gracieusement offertes par nos maraichers.


Nous tenons à remercier chaleureusement chacune de ces personnes pour leur engagement et leurs témoignages. Si, à votre tour, vous souhaitez donner un peu de votre temps à la cause des réfugiés, retrouvez l’ensemble des missions de bénévolat disponibles ci-dessous :