[1] Source : France Travail, 2022 – Projet de recrutements recensés
[2] Source : Secrétariat d’Etat chargé du Numérique
Pouvez-vous vous présenter ?
Margot, bientôt 30 ans, lilloise d’origine, dorénavant sous le soleil marseillais. Je suis « Product Manager » depuis plus de 7 ans, et depuis plus d’un an au service de JeVeuxAider.gouv.fr. J’aime beaucoup me balader dans la nature, j’adore les animaux, rencontrer de nouvelles personnes, partager des bons repas et jeux de société entre amis, danser, chanter.
Comment êtes-vous devenue cheffe de produit numérique ?
Par un heureux hasard. Durant mon école d’ingénieur, on avait un stage obligatoire à l’étranger de 6 mois. Je suis tombée sur une annonce de cheffe de produit numérique à Singapour, métier assez peu connu à l’époque (2015), mais qui avait l’air assez polyvalent avec un mélange de créativité, gestion de projets, de tech’, donc j’ai foncé.
Et là .. Révélation ! Un condensé de tout ce que j’aime :
- Beaucoup de relations humaines, de discussion, d’ateliers en équipe.
- Des sujets très variés (on peut faire le grand écart en une matinée, en bossant à la fois sur des sujets très opérationnels et d’autres plus stratégiques)
- Un impact assez rapide sur des problèmes utilisateurs
- Une pointe de technologie (technologie comme moyen qui permet de répondre de manière rapide à des problématiques concrètes. Pas une fin en soi, mais vraiment un moyen)
J’ai donc fait ce stage de Product Manager à Singapour, puis en rentrant en France, j’ai terminé mon école d’ingénieur en prenant la spécialité Informatique.
Depuis 2017, je fais du “produit”, toujours avec le sourire et une envie sans cesse renouvelée d’avoir de l’impact.
En quoi consiste exactement votre rôle, c’est quoi une journée type ?
Mon rôle, c’est de faire évoluer la plateforme JeVeuxAider.gouv.fr pour répondre aux besoins de nos utilisateurs (bénévoles, organisations, référents) et ainsi de multiplier l’impact en termes d’engagement bénévole.
Tous les lundis matins, on commence par un appel avec “l’équipe produit” (les développeurs, le designer et moi-même) pour faire le point sur la semaine passée, et identifier les prochaines priorités qui vont nous permettre de répondre aux objectifs fixés. C’est très important à la fois pour se donner de la visibilité, pour discuter des sujets en cours, mais aussi pour maintenir un lien dans l’équipe, puisqu’on est tous en visioconférence.
Ensuite, les journées varient, et c’est justement ce qui est épanouissant. Un peu d’analyse de données, de la recherche utilisateur, l’animation d’un atelier brainstorming pour définir des solutions, de la gestion de projet, de l’itération sur une maquette avec le designer, des discussions plus stratégiques. Il n’y a pas une journée qui ressemble à une autre.
Est-ce que le fait de travailler sur un service public numérique rend le travail différent, par rapport au secteur privé ?
Le métier de cheffe de produit numérique est le même, que ce soit dans le secteur privé ou public. On va avoir le même rôle de définir la façon dont on fait évoluer un produit pour répondre à des objectifs.
C’est la finalité qui est différente.
C’est vraiment gratifiant de se dire qu’on crée un produit d’intérêt général. Les discussions sur le chiffre d’affaires généré, ont été remplacées par des enjeux d’impact, sur lesquels je m’identifie bien davantage : le nombre de mises en relations entre des bénévoles et des projets d’intérêt général. Une chose est sûre : on utilise beaucoup moins d’anglicismes dans notre quotidien, et ça c’est pas plus mal 😛
Comment mesurez-vous l'impact de votre travail plus précisément ?
Principalement de deux manières : avec de la donnée et en fonction des témoignages.
Quand on lance en ligne une nouvelle fonctionnalité, on se fixe un objectif d’impact (par exemple augmenter le nombre d’inscrits ou encore augmenter le taux de validation des participations). On regarde donc l’évolution de ces données au fur et à mesure.
On observe également l’adoption d’une fonctionnalité (combien d’utilisateurs l’utilisent ?).
Et enfin, on récupère, quand c’est possible, des informations sur la satisfaction de nos utilisateurs, soit en faisant des interviews, soit par le biais de questionnaires. Par exemple, quand on a fait évoluer la messagerie, on a envoyé un questionnaire aux organisations, et on a eu plus de 200 retours.
En général, les utilisateurs nous font volontiers des feedbacks sur la plateforme. C’est tellement précieux !
Pouvez-vous partager un exemple concret, d’une amélioration technique réalisée sur le site récemment ?
Les modèles de messages ! En discutant avec des organisations, on s’est rendu compte qu’elles recevaient parfois beaucoup de demandes de participation, et que ce n’était pas simple de répondre à tout le monde, d’autant plus qu’elles disent souvent la même chose.
Ni une, ni deux, on s’est demandé « comment les aider pour simplifier leur parcours ? ». On en a discuté en équipe, et on s’est dit qu’on pourrait proposer aux organisations de créer des modèles de message, puis de les utiliser pour répondre aux bénévoles. Nicolas a proposé des maquettes, on en a discuté en équipe. Les développeurs ont ensuite mis en ligne la fonctionnalité. On a obtenu de supers retours ! En terme d’adoption, on a plus de 1100 modèles de messages créés, alors que c’est assez récent ! Notre taux de validation des participations augmente, et surtout, les organisations sont ravies.
“Franchement, c’est une révolution, ça nous permet de mieux gérer la mise à jour des participations” – ExplorJob
Quel est selon vous le plus gros défi de votre métier au quotidien ?
La priorisation. Des améliorations possibles, il y en a des milliers. Des retours de la part des utilisateurs aussi. Et on ne peut pas tout traiter en simultané. Il faut donc savoir identifier ce qui a le plus de valeur, ce qui est critique, et ce qui impacte le plus d’acteurs. Par exemple, si une organisation a un fonctionnement spécifique et nous demande de faire des évolutions, on ne peut pas le faire automatiquement, puisque construire un produit, c’est construire quelque chose qui fonctionne pour la majorité des acteurs.
Cette vision de service public, pensé pour tous ne nous quitte jamais. Cela implique de mettre de côté certaines idées, certains retours, de dire “non”. Et quand on a de l’empathie, ce n’est pas toujours évident !
Quels sont les avantages et les satisfactions que vous trouvez à travailler à l’amélioration continue d’un service public numérique ?
J’ai le sentiment de faire partie d’une aventure collective qui répond à un vrai besoin de société, et qu’est-ce que c’est agréable !
Chez JeVeuxAider.gouv.fr, on a de la chance, on est dans un cadre particulier, avec l’application de la méthode des startups d’Etat. Ce qui nous permet d’aller vite, de tenter des choses et d’itérer très rapidement. Enfin, l’un des grandes satisfactions du quotidien, c’est les personnes avec lesquelles je travaille. Toutes très investies, très compétentes et passionnées.
En tant que femme dans la tech', quels ont été les opportunités et les défis que vous avez rencontrés tout au long de votre carrière ?
Dans mon quotidien et dans les interactions avec les équipes, je n’ai pas eu l’impression qu’être une femme ait changé quoi que ce soit. D’autant plus que j’ai eu l’habitude d’évoluer dans des environnements assez masculins puisque j’ai fait une école d’ingénieur. Par contre, au début de mes expériences, ça n’a pas été simple de me projeter sur du long terme, puisque j’ai manqué de modèles dans des rôles à responsabilité.
Des femmes dans la tech, il y en a. Cependant, il y en a peu avec des rôles à responsabilité. Je pense donc que ça m’a longtemps formatée et persuadée que j’étais une bonne exécutante, et rien d’autres. Pour y remédier, assez vite, je me suis entourée de femmes inspirantes (mes 2 premières manageuses étaient des femmes).
Et sinon, un autre défi que j’ai rencontré, qui est plus un défi personnel : « comment mettre à profit mon énergie et mes compétences pour des projets qui me tiennent à cœur ? » Et pour le coup, je n’ai jamais été aussi heureuse que depuis que j’ai rejoint JeVeuxAider.gouv.fr.
Enfin, quels conseils donneriez-vous aux jeunes femmes qui aspirent comme vous, à une carrière de cheffe de produit numérique ?
- Croire en soi !
- Se former. Il existe de plus en plus de formation pour devenir cheffe de produit numérique (des formations en ligne, des bootcamps, des podcasts, etc). C’est devenu assez accessible, et la plupart des Product Manager adorent partager leurs expériences
- Se trouver une mentore
- Se lancer (et bien choisir l’endroit !). C’est un métier où l’on apprend beaucoup en faisant. Il faut des connaissances techniques initiales, mais beaucoup de réflexes s’acquièrent progressivement sur des cas concrets. C’est donc chouette de commencer par un stage, avec un bon accompagnement. 🙂
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