Le JANUS, véritable label d’excellence (arrêté ministériel du 13 novembre 1953) est parrainé depuis lors par le Ministre de l’Industrie et du Commerce Extérieur. Organisé concrètement par l’Institut Français du Design, il est décerné par un jury de professionnels de l’industrie, de l’art, de l’architecture, de l’ameublement, etc… Ceux-ci examinent des produits qui proposent de s’inscrire durablement dans une démarche de progrès au service de la Personne, de l’Économie et de la Cité, en analysant ceux-ci au prisme des « 5 E » ; Économie, Esthétique, Ergonomie, Éthique, Émotion.

Le label JANUS du design a été créé pour promouvoir l’excellence des produits issus de l’industrie française. Une plateforme numérique, qui plus est issue des services de l’État, pouvait-elle espérer être éligible à une telle distinction ? Cette année, la catégorie « engagement civique » laissait sa chance à des produits… atypiques. Il faut dire que JeVeuxAider.gouv.fr par la Réserve civique, développé par une équipe de Startup d’État, avait pu percer au sein de l’administration uniquement grâce à des méthodes atypiques, voire hétérodoxes.

Le verdict du jury ? Il constate d’abord “L’émotion au cœur de la mission du projet : beaucoup de passion des porteurs de projets dans le démarrage de cette startup”. Soupir de l’intrapreneur : “Ça… Il nous aura fallu des années pour convaincre les pouvoirs publics de laisser émerger cette plateforme, et de se battre contre tous les obstacles qui peuvent se trouver sur le chemin de l’innovation”.

Dès lors, le jury s’avouait “séduit par la pertinence et l’efficacité de la plateforme JeVeuxAider.gouv.fr. Une réalisation dont la pertinence est d’autant plus notable que, d’une part, le contexte de crises augmente les besoins et les désirs d’engagement et, d’autre part, le manque de moyens humains empêche l’efficacité de structures aptes à proposer des actions”.

Au-delà de l’outil, c’est le sens que porte la plateforme qui suscite l’adhésion : le bénévolat renforce la cohésion sociale et donc la bonne santé de la démocratie. Et le jury de continuer : “L’agilité, la réactivité et la rapidité de l’esprit Startup s’avèrent remarquablement appropriées par le Service public dont les procédures administratives semblent difficilement compatibles avec ce genre de dispositif […]. L’interface intuitive et séduisante au parcours usager soigné et flexible conserve l’esprit de sobriété institutionnelle”. En fait, les nouveaux labellisés ont suivi les traces de leurs maîtres et inspirateurs du design UX du numérique. Ils ont observé, se sont inspirés des leçons de leurs prédécesseurs, ont travaillé, beaucoup travaillé, testé, tiré les leçons des échecs, ont poursuivi avec opiniâtreté leur chemin itératif avec les utilisateurs. L’artiste et l’artisan sont les deux faces de ce Janus qu’est le designer du numérique.

Les membres du jury ont aussi apprécié une conception qui refuse la verticalité et la centralisation, défauts souvent imputés à l’État. Les responsables de la réserve civique ont plaidé la bonne foi : d’abord l’ancrage territorial, pour une meilleure diversité des causes d’engagement et des structures qui les portent, et répondre à cette diversité des besoins et des expressions. “Mais ne vous arrêtez pas là !” concluent-ils. Une plateforme ne vit que parce que l’outil bénéficie d’une constante amélioration, en conservant son indépendance et sa liberté d’actions.

Le label Janus du Design Civique 2022 est décerné à La Réserve Civique (design intégré) pour la plateforme JeVeuxAider.gouv, avec 14 votes “favorable” contre 0 votes « défavorable », et 2 “abstention”. Pas mal pour des personnes qui n’auraient jamais osé candidater quelques mois auparavant. La beauté du monde du design, c’est aussi son ouverture d’esprit.